Trois courtes pièces de Courteline

Courteline, amour noir [création]
Georges Courteline
Jean-Louis Benoit
12 au 28 janvier 2012
Grand Théâtre de la Criée

A l’occasion de sa dernière création, nous avons rencontré l’ancien directeur de la Criée, Jean Louis Benoit. Ce dernier semble avec cette création plutôt s’intéresser au couple qu’à l’amour. Chez Courteline, ‘il n’y a pas d’amour’. Or, ‘dans les vaudevilles ou comédies bourgeoises, il est toujours question d’amour’, rappelle-t-il. Alors qu’est ce qui l’a intéressé chez cet auteur souvent peu monté, voire évacué des manuels scolaires ?

L’intérêt de ces trois courtes pièces réside dans les affrontements entre deux individus, homme et femme, vivant ensemble depuis quelques années. Trois couples incarnés par deux couples de jeunes comédiens. Trois fables décrites par Courteline avec humour et noirceur. ‘Courteline est le dernier comique du siècle… Après il y aura Ionesco’ précise Jean Louis. Ce dernier a donc travaillé sur le rythme propre de la farce, suggérant le décor, un intérieur d’appartement petit bourgeois. Ce sera d’ailleurs le même décor pour les trois piécettes qui durent chacune une vingtaine de minutes. Sa mise en scène s’inspire du réalisme à l’italienne, avec ses figures. D’où une attention particulière portée au choix des comédiens pour incarner ces couples.

Au-delà du texte en lui-même, ce qui meut Jean Louis Benoit, c’est un désir de faire redécouvrir des auteurs méconnus. ‘Il existe des comédies intelligentes mais en France, ce qui est noble est la tragédie. La comédie est considérée comme un genre mineur, notamment dans les centres dramatiques nationaux ; ce qui par ailleurs est un problème typiquement franco-français que de faire cette dichotomie entre comédie et tragédie’. Il nous rappelle que Molière devait jouer du Corneille en tant que comédien pour asseoir son statut d’artiste et que Corneille a écrit des comédies, hélas peu jouées. Néanmoins, il est vrai qu’une création avec peu de décor, peu de comédiens et de durée brève se vend mieux qu’un spectacle avec 10 comédiens et une lourde scénographie. ‘C’est une bonne affaire‘ plaisante-t-il puisque ce spectacle va tourner jusqu’en Mai.

Cette création sera suivie d’un autre projet autour du mythe du bon sauvage, mêlant des textes de Voltaire – ‘dialogue avec les sauvages’- et un texte moderne traitant de la situation de la planète aujourd’hui. Il questionnera les sauvages d’aujourd’hui : ‘qui sont-ils, les gens de Wall Street ?’. Le tout ‘sur un mode ironique et drôle’. Car ‘on ne rit plus au théâtre… Dans le In, il n’y a pas une seule comédie’ conclut-il… A vos agendas ! DVDM

Plus d’infos
Durée 1h30
Réservations par téléphone au 04 91 54 70 54
par internet vente en ligne sur : http://www.theatre-lacriee.com
Tarifs de 12 à 22euro
Représentations
mardi 17, 24 janvier 19h
mercredi 18, 25 janvier 19h
jeudi 12, 19, 26 janvier 20h
vendredi 13, 20, 27 janvier20h
samedi 14, 21, 28 janvier 20h
dimanche 22 janvier 15h
La Peur des coups, La Paix chez soi, Les Boulingrin, trois pièces relatives à « la vie de couple », mettent en scène un lâche avec une épouse trop belle, un littérateur minable et mesquin avec une petite femme rouée, un couple haineux qui passe son temps à se déchirer et à déchirer son invité jusqu’à la terrible explosion finale, résolument dévastatrice.
Avec Thomas Blanchard, Ninon Brétécher, Valérie Keruzoré, Sébastien Thiéry

décor Laurent Peduzzi – costumes Marie Sartoux

Botticelli Spicy Girls

Le Gymnase propose au public marseillais de découvrir un show à l’américaine entre striptease et music hall, mené tambour battant par la piquante Kitten on the Keys. Cette dernière nous vient tout droit de San Francisco, la ville la plus Queer Friendly des USA -de son propre aveu, et a collecté tout au long de sa carrière de nombreux objets, parures et toilettes utilisés dans la tradition du music hall américain. Certaines de ses tenues et coiffes ne sont pas sans rappeler les films américains des années 30…

Émaillant sa présentation de chansons hautes en couleur, elle fait preuve d’une gouaille pétillante : son allusion au ‘power of paillettes’ qu’elle fait mine de sniffer est un clin d’œil délicieux aux artistes cocaïnomanes du milieu. Cette meneuse de cabaret fait montre de ses qualités de pianiste et de chanteuse à plusieurs reprises pour le plus grand plaisir du public. Elle ne manque point de talent ni de drôlerie, tout comme ses acolytes, à l’énergie généreuse, dévoilant leur beauté aux rondeurs botticelliennes et leur joli minois, sans cette vulgarité grasse que nous pouvons trouver dans certains spectacles de striptease. Certains numéros comme celui de la main baladeuse ou celui dans lequel la stripteaseuse se retrouve enfermée dans une bulle rose sont ma foi très frais et sympathiques.

Ceci dit, présenter du striptease avec des femmes rondes n’est point nouveau et la plupart des numéros composant le show -de facture somme toute traditionnelle dans son déroulé et son esthétique – restent par trop classiques, ou trop polis. Et ce, même si le spectateur peut sentir un certain gout pour la démesure et le spectaculaire chez les artistes– notamment dans le numéro du gars, stripteaseur sur bâton dont le tour est une véritable performance. Ils manquent de satire sociale et paraissent plutôt lisses. Et ce, en dépit de leur belle exécution. C’est là où le bas blesse, notamment lorsqu’on se réfère au burlesque des années 20/30 qui était bien plus provocateur et osé qu’aujourd’hui. Il suffit de regarder un film de Mae West pour s’en convaincre.

Ce spectacle nous amène une interrogation au regard du public auquel il s’adresse. Avec ses clichés grivois si faiblement détournés –l’os à l’extrémité suggestive, coincé entre les cuisses de Kitten on the Keys, symbolique d’un fantasme des plus communs ou l’interprétation de « My Girl’s Pussy » jouant sur la référence du mot pussy au pussy de la femme et au pussy cat, comparaison par ailleurs éculée – le spectacle présenté semble plutôt appeler un public de couples -et/ou d’hommes- hétérosexuels – la majorité du public de la salle marseillaise-. Les hommes étaient au demeurant ravis de voir des femmes rondes en string, les tétons cachés, mais n’est-il pas vrai que les hommes préfèrent les grosses ? Tel est le sentiment qui m’a traversée même si la metteur en scène s’en défend en disant qu’il s’adresse à tous les publics quelque soit leur orientation sexuelle.

Au sortir du spectacle, difficile de refouler ce sentiment persistant d’avoir assisté à un divertissement pour bourgeois bien pensants désireux de s’encanailler gentiment le temps d’une soirée. Cette sensation n’a rien à voir avec la qualité intrinsèque du spectacle. Elle nous interroge sur le retour d’un certain ordre moral au sein de notre société où le déjanté et le décalé sont joliment policés – point d’insolence ni de dérision plus que ce qu’il n’en faut pour contenter le public sans le choquer; ce décalage entre l’effet d’annonce et le spectacle en lui-même est dommageable.

Au final, la profusion de ce type de spectacles effeuillant la nudité et le sexe dans les salles françaises laissent à penser qu’il s’agit d’un effet de mode. Or, ces derniers priment dans les choix artistiques des directeurs de salle. Le spectacle se double ici d’une machine marketing bien rôdée avec possibilité pour le public d’acheter de nombreux objets dérivés du spectacle – photos, caches tétons… Ceci dit, nul ne doute que ce show à l’américaine trouve son public et ce dernier, son plaisir. DVDM

The cabaret new burlesque
Un spectacle de Kitty Hartl

avec Kitten on the Keys, Julie Atlaz Muz, Mimi Le Meaux, Evie Lovelle, Dirty Martini et Roky Roulette
Théâtre du gymnase du mardi 10 au samedi 21 janvier 2012
Durée du spectacle : environ 1h30/ prix des places de 8 € à 34 €
Réservations 0 820 000 422/ + d’infos http://www.lestheatres.net

Une parenthèse enchantée pour 10 ans de créations

La compagnie la Parenthèse a été créée 2001 par Christophe Garcia, danseur désormais chorégraphe, auréolé de nombreux prix en France, Italie et Allemagne dont le prix de la production Scapino, reconnu par ses pairs et pas des moindres : citons entre autres, le nouveau directeur du Ballet Béjart et Béjart lui-même, ou plus près de chez nous, Jean Charles Gil du Ballet d’Europe. Pour les 10 ans de sa compagnie, Christophe a concocté un programme des plus alléchants, invitant la crème des ballets contemporains à se produire sur la scène du Gymnase le 6 janvier 2012.

A son invitation, ont répondu présents et sans hésitation aucune : le ballet Béjart de Lausanne, le Ballet Malandain de Biarritz, le Ballet Scapino de Rotterdam, le Ballet d’Europe et le Ballet Trockadero de Monte Carlo. Toutes ces compagnies vont proposer soit des extraits de leur répertoire, soit des créations en avant-première. La question qui se pose est comment diable a-t-il été possible de réunir autant de talent sur une même scène, un même soir ?

Car outre le cout de l’opération, se pose la question des calendriers de chacun…..A cette interrogation Christophe ne peut que dire sa joie et son enthousiasme. Avec humilité, il retrace son parcours de danseur et de chorégraphe. Admis à l’école atelier Rudra Béjart, il intègre le ballet Béjart en 1998, nouant avec le ballet des liens indéfectibles. Une carte blanche à Maurice Béjart lui offre la possibilité de mettre en avant ses talents de chorégraphes avec « Alice ». De ce succès, à l’âge de 21 ans, préférant le travail de chorégraphe à celui d’interprète, il décide de fonder sa propre compagnie à Marseille, ville découverte au hasard de ses rencontre chorégraphiques, tout en continuant de collaborer avec les ballets de répertoire tels que le ballet Scapino, le ballet Biarritz junior ou encore le ballet d’Europe.

La qualité de son travail chorégraphique et ses nombreuses collaborations avec des ballets de renom explique la réponse positive des compagnies invitées. « Elles m’ont fait le cadeau de leur présence. C’était une vraie surprise pour moi : tous voulaient être là et cette marque de générosité m’a touché. Ce n’était pas évident de les faire venir. Le programme que j’ai choisi avec des pièces ayant eu un joli succès est l’histoire d’un partage, d’un échange. Je ne voulais pas être seul. » Explique-t-il en toute simplicité avant de poursuivre. « Je voulais célébrer les 10 ans de la compagnie et je suis heureux de les fêter au Gymnase. C’est un bel écrin, un beau théâtre et un plateau qui me convient. »

Au programme donc : une des dernières créations du ballet Béjart qui sera présentée en Mai 2013, un extrait de ‘Folavi’ de Jean Charles Gil, ‘la mort du cygne’ interprétée par Roberto Forléo, compagnon de danse du ballet Béjart l’ayant rejoint à Marseille, et pleins d’autres surprises de la compagnie de Christophe dont sa dernière création, qui sera présentée officiellement en mars 2012, le solo ‘je suis sage mais tu me manques’, pièce traitant des relations entre un père absent et son fils. Cette pièce fait suite à un long travail de recherche et d’écoute au sein de groupes de paroles de pères ne voyant pas leur fils, paroles de pères exprimant leur besoin de parler de leur amour pour leur enfant.

A découvrir donc dès 20h30 au Gymnase le 6 janvier, le tout à un tarif des plus attractifs puisqu’il ne vous en coûtera que 10 à 15 euro ! DVDM

Photos :
La parenthèse/Pièce: l’Heure du bain/Crédit: Jean Charles Verchère
Cie la parenthèse/Pièce: Alice /Crédit : la parenthèse
Cie la parenthèse/Pièce: Je suis sage mais tu me manques/crédit: la parenthèse